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TOGO / AGRICULTURE : LE COTON REPREND DES COULEURS, UNE PRODUCTION DE 200.000 TONNES ENVISAGÉE D’ICI 2022.

C’est la première fois qu’un objectif fixé par la Fédération Nationale des Groupements de Producteurs de Coton (FNGPC) est...

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La nouvelle société cotonnière du Togo (NSCT) a dépassé ses objectifs de production lors de la campagne 2017-2018. 172.000 hectares ont été exploités sur les 160.000 estimés pour une production totale de 116.000 tonnes contre 108.000 l’année précédente. C’est la première fois qu’un objectif fixé par la Fédération Nationale des Groupements de Producteurs de Coton (FNGPC) est atteint. Ce niveau de superficie dénote de la mobilisation des producteurs et de la stratégie mise en place par tous les acteurs impliqués dans la filière.

Ces bons résultats s’expliquent par plusieurs facteurs. Une bonne distribution des intrants, une plus grande motivation des producteurs grâce à des délais de paiement raccourcis, enfin un prix d’achat à la hausse. Aujourd’hui, les dirigeants de la NSCT affichent leur optimisme : la production devrait atteindre 200000 tonnes en 2022.

Comment se porte alors le coton togolais ? Quelle est sa contribution dans l’économie ? Voilà, quelques-unes de questions posées au président de la Fédération Nationale des Groupements de Producteurs de Coton (FNGPC), Yosso HODABALO. Il répond aux questions de mikotv.

Mikotv : En quoi la culture du coton au Togo contribue-t-elle à lutter contre la pauvreté ?

La culture du coton contribue à lutter contre la pauvreté au Togo à tous les niveaux. Je commence par le niveau de l’exploitation du producteur. Vous savez que le producteur a besoin des manœuvres pour faire son champ. Ces derniers sont des pères de familles qui ont besoin de l’argent pour résoudre leurs problèmes quotidiens. Donc, en les recrutant dans  nos exploitations, ils font les travaux et nous les payons. Ça contribue déjà à absorber le chômage et à nourrir un certain nombre de familles.

Maintenant au cours de la production elle-même, la nouvelle société cotonnière du Togo procède à la vente des intrants. Des intrants qui sont utilisés par certaines personnes du domaine et fabriqués par d’autres. Ce sont des gens qui interviennent sur toute la chaine et donc cela crée de l’emploi à ce niveau et contribue économiquement au niveau des fabricants de ces intrants et au niveau des commerçants des intrants. Ceux -là qui soumissionnent au marché de la SNCT. Donc quand ils gagnent le marché, ils gagnent de l’argent et ça leur permet de payer leurs salariés dans leurs entreprises. Les agents de la SNCT ce sont des gens qui ont fait des écoles d’agronomie, d’ingénieur, électricité, mécanique, comptabilité, … Tous ces gens sont payés et c’est le coton qui les paie. Il faut aussi ajouter le transport.

Ceux qui détiennent des véhicules pour la location, le transport des producteurs jusqu’aux usines après avoir égrené, le transport au port, bref ce sont plusieurs personnes qui sont dans le coton et qui sont nourris par le coton.

N’oublions pas aussi les impôts ! Les impôts aussi prennent de l’argent et l’argent qu’ils prennent fait tourner le pays du point de vue économique. Cela contribue à payer les salaires.  Donc, ce n’est pas le producteur seul qui gagne dans la production du coton, c’est une chaine de valeur, à tous les niveaux, en commençant par la ferme, ensuite l’égrenage et après l’exportation, les commerçants. L’Etat aussi gagne sur les revenus des impôts. Il y a d’autres qui ont même créé des usines comme NIOTO par exemple. Tout ça c’est le coton. C’est pourquoi on estime à plus de deux millions de Togolais qui vivent du coton. Ce ne sont pas seulement les producteurs du coton seuls. Donc je peux dire qu’à chaque niveau on contribue à l’amélioration économique du Pays.

Mikotv : Quelle est l’évolution de la filière coton ?

L’aperçu qu’on a sur notre filière est qu’elle a connu un passé très douloureux avec la SOTOCO et le chef de l’Etat a pris des décisions courageuses en dissolvant cette société et en créant la nouvelle société cotonnière du Togo (NSCT). Il a ouvert le capital social aux producteurs à 40%. Cela permet aux producteurs de participer à tout niveau de décision. Aujourd’hui la filière est gérée d’une manière collégiale, participative. Les producteurs qui ont un droit de regard, l’Etat qui joue son rôle régalien, la NSCT est là pour l’exécution technique. Chacun a sa part de responsabilité dans la filière. Elle est bien organisée de telle sorte qu’on a essoufflé une transparence dans la gestion pour pérenniser la production.

Mikotv : Quelle est la part des pourcentages des deux actionnaires ?

Les deux actionnaires sont l’Etat et les producteurs qui détiennent respectivement 60% et 40%.

Mikotv : Comment faire aujourd’hui pour pouvoir concrétiser la culture du coton pour atteindre l’objectif de 200 000 tonnes d’ici 2022. Qu’est-ce qu’il faut faire de façon technique pour atteindre cet objectif ?

Techniquement ce qu’il faut faire c’est de revoir le rendement parce que les superficies qu’on a emblavées cette année si en réalité le rendement suivait on devrait atteindre les 200 000 tonnes. Comme le rendement ne suit pas, nous avons fait le diagnostic pour voir depuis des années quels sont les facteurs qui ont impacté négativement pour que nous ne puissions pas faire le rendement jusqu’à maintenant. C’était à Tové, il y a de cela trois mois, nous nous sommes retrouvés, et c’est la première fois dans nos ateliers que nous avons joué la carte de la franchise et de la vérité. Heureusement, chaque producteur s’est investi en prenant en considération les manquements qui freinent la production. Aujourd’hui, après le diagnostic on a mis des jalons pour que chacun puisse faire une correction à son niveau. C’est vrai qu’il y a des producteurs qui ne respectent les prescriptions techniques, en apportant les quantités des intrants qu’il faut et en apportant des quantités inférieures à ce qu’il faut aux plants. D’autres détournent même les intrants pour d’autres utilisations. Il y a aussi la recherche qui a failli au niveau des semences parce que la manière dont les semences sont produites n’est pas acceptable puisque si vous avez de mauvaises semences, vous partez avec un handicap de 40% de perte sur le rendement. Pour régler ce problème, les chercheurs et l’Etat ont pris les mesures idoines en intégrant la direction de semences nationales au niveau des semences coton. Ils ont pris un certains nombres d’engagement qui est en train d’être appliqué sur le terrain pour que prochainement on puisse avoir des semences de qualité afin d’obtenir des impacts sur le rendement. Si dans les autres segments, tout le monde respecte les normes, on peut aller vers un rendement acceptable. Et si ce problème de rendement est vite résolu on peut aller à 200 000 tonnes et au-delà. Parce que tous les autres facteurs à savoir le prix… tout rassure aujourd’hui, c’est le rendement qui reste et qu’il faut revoir.

Mikotv : Qu’est-ce qui milite en faveur de la NSCT dans  l’atteinte de ces résultats ?

Le secret c’est d’abord la transparence dans la gestion. Nous, nous avons décidé de percer pour voir, nous avons eu le courage de fouiller avec notre partenaire d’en face dans la gestion financière, les enjeux, et même certains paramètres qui nous obligent à être regardant. L’objectif, c’est d’éviter que les fonds soient engloutis d’une manière ou d’une autre. Le plus souvent, cela impacte négativement les résultats. Nous avons tenu dur pour que les choses se fassent dans les règles de l’art, pour que la réalité de ce qu’on fait soit révélée.

Ce qui conduit beaucoup à garder une certaine prudence dans la gestion. Conséquence, les producteurs ont des rémunérations importantes. Quand le producteur gagne et il arrive à payer ces charges et avoir des bénéfices, il retrouve une certaine confiance.

Donc, depuis des années, nous avons progressé et aujourd’hui nous avons atteint ce niveau. Le secret, c’est le courage, la transparence instaurée dans la gestion de la fédération et dans la filière en général avec le partenaire d’en face.

L’autre secret, c’est que l’Etat joue un rôle de veille pour éviter des détournements. Donc tout le monde se ressaisit.

Propos recueillis par Armel Kwassi JOHNSON